Depuis le début, Ségolène Royal est sur des valeurs, estime Jean-Louis Bianco, selon qui les militants ont validé sa "manière" de faire de la politique. (Yahoo, 17/11/2006)

Publié le par François Alex

Royal investie, le PS cherche son chemin idéologique

PARIS (Reuters) - Avec la victoire écrasante de Ségolène Royal à l'investiture présidentielle, le Parti socialiste entame une mue sur laquelle Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius entendent peser.

Malgré une campagne parfois virulente contre les positions de la présidente de Poitou-Charentes, les deux perdants se sont élégamment rangés derrière la candidate dès vendredi affichant leur volonté de contribuer à la victoire de la gauche au printemps prochain.

Après avoir défendu des lignes diamétralement opposées pendant la campagne interne - "social-démocratie" contre "orientation authentiquement de gauche", tous deux se sont dit persuadés d'avoir les bons outils pour battre la droite puis fabriquer le Parti socialiste post-2007.

"Le combat que j'ai mené, je le poursuivrai à l'avenir avec beaucoup d'autres qui participent du renouvellement du Parti socialiste que, visiblement, les militants appellent de leurs voeux", a déclaré "DSK", fort de ses 20,57%.

L'ancien ministre de l'Economie qui n'avait jusqu'alors jamais compté ses troupes a estimé avoir "constitué une force dans le PS avec laquelle il faudra compter demain". Ce qui fait dire à ses proches qu'il est la "révélation" de la primaire, un statut qui créé quelques droits et beaucoup d'obligations.

Tout en confessant un "vote utile" pour Ségolène Royal, de très nombreux militants socialistes ont dit qu'ils se retrouvaient dans les idées de Dominique Strauss-Kahn - Europe et social-démocratie - et veulent qu'il continue dans cette voie au PS, assure son coordinateur de campagne Christophe Borgel.

PRENDRE LE PARTI À DROITE, LA PRÉSIDENTIELLE À GAUCHE ?

"Depuis le début, Ségolène Royal est sur des valeurs. Elle gagne comme ça", estime le porte-parole de la candidate, Jean-Louis Bianco selon qui les militants ont validé sa "manière" de faire de la politique.

Pour Dominique Reynié cependant, la victoire de Ségolène Royal repose plus sur un calcul électoral que sur une base doctrinaire. "Après le 21 avril, il y a eu un vide qui a amené les militants à investir celle qui était présentée comme la plus à même de battre la droite dans six mois", explique le politologue.

La victoire par KO de l'ancienne ministre de l'Environnement va avoir "un effet programmatique sur le PS", pronostique toutefois l'analyste pour qui, à l'instar du mitterrandisme ou du jospinisme, "il y aura bien un ségolénisme".

"Nous ne sommes pas en présence d'un vote qui aura une grande permanence", veut croire de son côté Claude Bartolone, bras droit de Laurent Fabius, pour qui les nouveaux militants du PS ont eu un effet dilutif sur les courants internes du PS.

En pourcentage, le "candidat du pouvoir d'achat" réalise un score en deça de son résultat lors du congrès du Mans (18,73% contre 21,17%) mais il progresse en nombre de voix.

En additionnant les scores de Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal, on pourrait être tenté de dire que le parti a été pris par son aile droite, contrairement à ce que voulait la tradition mitterrandienne.

"Mais la campagne présidentielle se gagnera par la gauche", martèle un conseiller de Laurent Fabius, élevé au rang de "meilleur atout idéologique" de Ségolène Royal, "garant de l'ancrage à gauche".

Dans l'optique de la présidentielle, si elle s'allie avec Dominique Strauss-Kahn, "Ségolène Royal prend le risque de droitiser son discours, ce qui ouvrirait un boulevard pour la gauche de la gauche", décrypte Dominique Reynié. "Elle a plutôt intérêt à avoir un Fabius avec elle".

LA FRANCE DE SÉGOLÈNE
• (Reuters - vendredi 17 novembre 2006, 19h18)

Vendredi, la gauche anti-libérale (PCF, LCR) a d'ailleurs réservé un accueil glacial à la toute nouvelle candidate du PS. Après l'avoir attaquée pour ses positions "hors projet" socialiste, l'ancien Premier ministre s'est dit "évidemment prêt" au rassemblement.

vendredi 17 novembre 2006, 19h05
Reuters
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