Nous avons besoin d’une nouvelle croissance fondée sur l’innovation et l’investissement, adaptée au défi énergétique et environnemental. (Libération, 27/09/06)

Publié le par François Alex

La politique par la preuve,
la souveraineté partagée,
l’ordre juste...
 
 
Par Jean-François Pascal, Délégué National du PS et Maurizio Rofrano, militant socialiste (pour Libération.fr)
 

Loin de ne correspondre qu’à l’air du temps, Ségolène Royal incarne en fait l’esprit d’une époque. Répondre à la demande sociale, être en accord avec le monde tel qu’il est, voilà le sens du renouvellement qu’elle porte.

La politique par la preuve, la souveraineté partagée et l’ordre juste sont les clefs de la rénovation politique qui est en marche.

Politique par la preuve d’abord car le seul socialisme qui vaille est aujourd’hui celui des actes. Observation des réussites européennes, droit à l’expérimentation, évaluation de l’action publique, déclinent concrètement cette politique par la preuve.

Souveraineté partagée ensuite car le pouvoir vertical exercé par quelques uns sur tous a fait long feu. Dans une société d’informations partagées, l’appel à l’intelligence collective est une compréhension fine des attentes et des possibles. La décision politique, sans perdre sa force d’impulsion, doit se nourrir du corps social afin d’agir au plus juste.

Ordre juste enfin car notre société fragmentée a besoin de retrouver de puissants liens collectifs. Face à l’insécurité sociale et économique, l’ordre solidaire, bien différent du désordre sécuritaire porté par la droite, doit nous permettre de continuer à faire société.

Ces trois thématiques ne sont pas des slogans mais bien les catalyseurs d’un projet déjà riche.

A commencer par le projet d’une nouvelle donne économique pour la France.
Nous avons besoin d’une nouvelle croissance fondée sur l’innovation et l’investissement, adaptée au défi énergétique et environnemental. Cette nouvelle croissance suppose la responsabilisation des acteurs économiques. Notamment celle de l’entreprise devenant socialement et écologiquement responsable. Ce qui fonde d‘ailleurs l’action de la Région Poitou-Charentes lorsqu’elle conditionne les aides publiques au respect du développement durable.

Dans le même esprit, la lutte efficace contre le chômage structurel requiert désormais de protéger davantage les travailleurs plutôt que les emplois existants. En les accompagnant vers l’emploi, en sécurisant les transitions professionnelles à travers le suivi et la formation permanente. Contre la précarité, le CDI, sans doute simplifié et assoupli, doit être la norme.

Politique par la preuve, souveraineté partagée et ordre juste se conjuguent également dans le projet d’une nouvelle démocratie sociale, économique et politique.
Un syndicalisme rénové et une plus grande participation des salariés aux décisions de l’entreprise donneront des moyens de lutte sociale accrue. Ils généraliseront les accords contractuels passés au plus près des réalités. Ces leviers favoriseront un nouveau partage de la valeur ajoutée, une hausse du pouvoir d’achat et une réflexion commune sur les conditions et le temps de travail.

De même l’autonomie accrue des territoires permettra d’améliorer l’action publique, en rapprochant et en responsabilisant, acteurs et usagers. La compensation intégrale des transferts de ressources de l’Etat vers les collectivités locales, une fiscalité dédiée à chaque échelon et une stricte péréquation pourront être les outils de cette nouvelle décentralisation. Il s’agit de répondre au fort besoin d’efficacité retrouvée de la puissance publique. Mieux délimité et plus souple, dialoguant avec la société civile, l’Etat sera plus fort. Prescripteur, acteur et contrôleur mais aussi responsabilisé et évalué, il garantira et rénovera les services publics. La politique par la preuve nous montre que de nombreuses gauches européennes ont accompli ces réformes dans l’intérêt de tous.

La démocratie participative appartient au même mouvement : produire en commun, et au niveau le plus approprié, la décision politique, donner les outils d’une citoyenneté active et responsabiliser les représentants du peuple. Là aussi l’expérience du budget participatif en région Poitou-Charentes a été convaincante.

En mettant en mouvement toute la société, en rénovant la puissance publique, nous libèrerons le meilleur du socialisme : sa volonté de travailler sans cesse à la solidarité sociale et territoriale, à la réduction des inégalités de destin, de condition et de traitement. L’assouplissement de la carte scolaire ou encore la lutte contre les discriminations feront partie des nombreux chantiers de l’égalité réelle et active.

La politique par la preuve, la souveraineté partagée et l’ordre juste nourrissent enfin le projet d’une République nouvelle unie dans sa diversité. Mais « faire société » n’ira pas sans une parole qui pose clairement des valeurs et des repères pour mieux construire le lien social. N’abandonnons pas à la droite la sécurité et l’éducation. Tout en leur apportant des réponses de gauche. N’ayons pas peur des règles pourvues qu’elles soient justes. Voilà un réalisme fidèle à nos valeurs.

Soyons tout aussi durs avec l’insécurité qu’avec les causes de l’insécurité. Jouons à la fois sur le temps court de la sanction et sur le temps long de l’action sociale et préventive. Dans cet esprit, les logiques éducatives des Maisons des parents, les coordinations territoriales entre les différents acteurs de la prévention, la police et la justice de proximité, méritent d’être développées. De même, les mesures alternatives à la prison sont à expérimenter lorsque les systèmes d’encadrement ont pour objectif l’insertion et le réapprentissage de la citoyenneté.

Parallèlement, la réforme des ZEP, assouplies et dotées de moyens concentrés, le dédoublement des collèges à fort effectif, l’introduction d’un deuxième adulte dans certaines classes, soulignent l’importance du projet éducatif.

Nouvelle donne économique, nouvelle démocratie, nouvelle République : Ségolène Royal est aujourd’hui en situation de porter le renouvellement du pacte social. Entre mutations nécessaires et sécurités renouvelées, tissant de nouvelles solidarités, elle incarne le meilleur des ambitions socialistes : donner à chacun les moyens de vivre mieux et à tous le goût de vivre ensemble.

LIBERATION.FR : Mercredi 27 septembre 2006 - 18:04


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