Six débats seront organisés avant le 16 novembre, trois sur les chaînes parlementaires, trois devant les militants en province. (Le Monde, 03/10/2006)

Publié le par François Alex

mardi 17 octobre: questions économiques et sociales

mardi 24 octobre: questions de société, d'environnement et de démocratie

mardi 7 novembre: questions internationales

 Le rapport de force entre les trois candidats à l'investiture socialiste. | Le Monde

Enquête
 

Des sept présidentiables socialistes qui s'étaient présentés sur la ligne de départ le 16 septembre, à Lens, dans le Pas-de-Calais, pour un premier débat public de confrontation, il n'en reste plus que trois : Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn. La détermination des finalistes aura eu raison de celle des autres : Lionel Jospin le premier, François Hollande, puis Jack Lang ont renoncé à "être un candidat de plus". Martine Aubry – qui n'avait pas fait de déclaration – a mis fin à l'ambiguïté dans le même non-dit.

Après l'enregistrement des candidatures, mardi 3 octobre, le conseil national, le "parlement" du parti, réuni samedi 7 octobre, vérifiera leur conformité. Chaque candidat doit présenter 30 parrainages récoltés auprès des membres dudit conseil – une barrière que n'a pas réussi à franchir Arnaud Montebourg, ni même Jack Lang.

GAMMA/JEAN-LUC LUYSSEN
Les trois candidats à l'investiture du Parti socialiste pour la présidentielle,
Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius,
lors d'une réunion à Lens, le 16 septembre 2006.

Ensuite, tout commence. Jusqu'au premier tour du vote des militants, le 16 novembre, les candidats vont faire campagne pour convaincre les 210 000 adhérents du PS. Une "période pénible" aux yeux de Ségolène Royal, "utile" pour ses concurrents Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, risquée pour chacun d'entre eux, mais qui constitue, aussi, un rodage de l'autre campagne à venir. Si Ségolène Royal apparaît largement favorite de la primaire et bénéficie du ralliement d'un nombre croissant d'élus et de cadres, les deux autres candidats affichent aussi des listes de soutien. Bluff, trahisons et surprises seront de la partie. Et quelques inconnues.

Quel va être l'impact des débats ? Les responsables du PS se sont mis d'accord. Six débats seront organisés avant le 16 novembre, trois sur les chaînes parlementaires, trois devant les militants en province. Le premier débat télévisé est programmé le 10 octobre sur le thème des questions économiques et sociales, le deuxième aura lieu le 17 octobre sur les questions de société, d'environnement et de démocratie, et le troisième le 7 novembre sur les questions internationales. Les trois autres débats, décentralisés, sont prévus le 19 octobre, le 26 et le 9 novembre. Aucun lieu n'a encore été défini. Les candidats seront interrogés sur les mêmes sujets. LaurentFabius ayant rencontré un franc succès lors du grand oral de Lens, ses partisans misent sur cet exercice.

Comment vont voter les nouveaux adhérents ? Avec près de 73 000 nouveaux adhérents, le PS a vu ses effectifs progresser de 35 % ! Rien que sur Paris, devenue la première fédération, ce sont près de 18 000 militants, au total, qui pourraient se rendre aux urnes. De quoi donner des sueurs froides aux responsables fédéraux bousculés dans leurs habitudes par l'arrivée massive de ces sympathisants qu'ils ne connaissent pas. Et alors que Ségolène Royal paraît encore la mieux placée dans cette catégorie, des dirigeants locaux mettent en garde contre un éventuel éparpillement des voix. A Paris, Patrick Bloche, premier secrétaire, se souvient de l'affrontement entre Bertrand Delanoë et Jack Lang, dans le rôle du favori, pour la mairie en 2001. "Beaucoup de nouveaux adhérents attendent encore d'être fixés", estime-t-il. "Ça discute, approuve Serge Janquin, premier fédéral du Pas-de-Calais. L'inconnue est bien plus forte aujourd'hui que par le passé." Les listes électorales devant être rendues publiques fédération par fédération et communiquées aux candidats, les militants vont bientôt être abreuvés d'argumentaires. Quand ils ne recevront pas directement un appel chez eux…

Quel va être le poids des élus et des cadres ? "Nous avons zéro perte chez les cadres", assure le fabiusien Pascal Popelin, premier secrétaire de la fédération de Seine-Saint-Denis, qui bute cependant toujours sur la même équation : "On connaît les candidats, pas encore le corps électoral." Chacun affiche donc des listes de soutien : petits et grands élus, parlementaires ou simples conseillers généraux, secrétaires de section ou militants aguerris, tout est bon à prendre pour attirer ce que François Hollande nomme "les vecteurs d'influence". Mais la situation, sur le terrain, est plus contrastée. Sur les "big five", les cinq premières "fédés" du PS, Ségolène Royal est devenue la candidate des Bouches-du-Rhône, du Nord et de l'Hérault. Après le retrait de Jack Lang, dans le Pas-de-Calais, Serge Janquin, attend un "délai de décence" avant de se prononcer, probablement le 4 octobre. A Paris, Patrick Bloche se garde bien d'afficher sa préférence. Il pourrait rallier Ségolène Royal, mais sans enthousiasme. Sa fédération compte des représentants de tous les courants et reste, par-dessus tout, le cœur de la Jospinie. Ailleurs, des premiers fédéraux ont fait leur"outing" sans avoir l'assurance d'être suivi. Des départements seront très disputés. Dans l'Ain, le premier fédéral est royaliste, à Bourg-en-Bresse, le candidat aux législatives est fabiusien, le secrétaire de section est partisan de Strauss-Kahn et les militants ont voté pour le courant Nouveau Parti socialiste (NPS) au dernier congrès !

Quelle va être l'attitude des non-alignés ? Les partisans de Lionel Jospin ont choisi, pour le moment, de rester en retrait. Lionel Jospin a indiqué qu'il ne voterait pas pour Ségolène Royal, sans donner plus de précision sur le choix qu'il fera. Les partisans de Dominique Strauss-Kahn espèrent bénéficier du plus grand nombre de report de voix. Mais le maintien de la candidature de"DSK", et les messages envoyés sur "l'homme du passé", par presse interposée, par ses principaux lieutenants, ont laissé des traces. Voter Laurent Fabius, le frère ennemi, ne fait pas l'affaire non plus pour certains. Comme d'autres, Martine Aubry a décidé qu'elle ne donnerait aucune consigne de vote dans sa ville de Lille.

Autre courant sans candidat, le Nouveau Parti socialiste est écartelé. L'un de ses codirigeants, Vincent Peillon, a choisi de rallier Ségolène Royal. Les deux autres dirigeants de NPS, Henri Emmanuelli et Benoît Hamon ont tenté, en vain, un appel à François Hollande. Résultat : plusieurs fédérations comme la Creuse, la Manche, les Landes, voire les Pyrénées-Atlantiques, restent dans l'incertitude. Laurent Fabius a bon espoir, ici, de récupérer ceux qui ont été des militants du non.

Isabelle Mandraud
LE MONDE | 03.10.06 | 11h50  •  Mis à jour le 03.10.06 | 15h49
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