Dans ses deux ouvrages Michel Rocard se positionne très clairement comme "social démocrate" et fait référence à l'Allemagne et au fameux "modèle suédois". (Forum JBC, 30/10/2006)

Publié le par François Alex

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Sujet du message: Ségolène est bien à mes yeux l'héritière de Michel Rocard

bretrou a écrit:
Bonjour,

Royal serait la vraie réincarnation de Rocard !!! Tordant... Alors pourquoi soutient-il DSK ?

Je suis curieux de ta réponse... Laughing



Bonjour cher camarade,

La réponse à ta question se trouve dans le message auquel tu réponds... Mais je vais quand même apporter des précisions...

J'ai été membre du club Convaincre il y a 15 ans et j'y ai même animé un groupe de travail assez emblématique de la démarche rocardienne sur le Renouveau du secteur public.

J'ai atterri dans le club Convaincre de Paris après avoir lu les deux livres de Michel : "Du coeur à l'ouvrage" et "Un pays comme le nôtre". Dans ces deux livres très profonds, Michel expose son parcours, ses convictions profondes et, surtout sa très fameuse "méthode".

Dans ses deux ouvrages Michel Rocard se positionne très clairement comme "social démocrate" et fait référence à l'Allemagne et au fameux "modèle suédois". Il y explique que la sociale démocratie s'est développée dans les pays d'Europoe du Nord influencés par le protestantisme alors que le socialISME s'est développé dans les pays de tradition catholique. Le socialISME est d'essence marxiste, prône notamment la "lutte des classes" et a tendance à projeter une vision manichéenne du Monde : il y a d'un côté les "gentils" (i.e. la "gauche") et les "méchants" (i.e. la "droite). A l'opposé, la sociale démocratie germanique et protestante prône le "consensus", le "compromis". Ces mots ont, dans la langue française, des sonorités détestables ("compromis" est proche de "compromission", con sang suce c'est horrible !) et c'est pourquoi il vaut mieux utiliser le mot allemand "Mitbestimmung" ou le mot suédois "medbestämmande". L'Allemagne et la Suède ont toujours été des pays fortement syndiqués et le "contrat" a toujours pris le pas sur la "loi". Cette harmonie sociale a des racines historiques très profondes : la Suède, par exemple, n'a jamais connu le féodalisme et les paysans ont toujours été libres.

Au sein du club Convaincre, j'étais l'un des rares à ne pas être membre du PS... Je m'étais approché d'une section parisienne mais, ayant assisté à une réunion pitoyable de lutte féroce entre "courants", j'avais estimé à l'époque que le PS, ce n'était pas "mon genre de beauté". J'étais également, et là c'était plus ennuyeux, l'un des rares à avoir lu Rocard et à avoir compris sa démarche... Le mot "sociale démocratie" était à l'époque un gros mot non seulement au sein du PS, mais également au sein du club Convaincre, ce qui était pour le moins surréaliste... Il y avait au sein de ce club des "militants" qui prétendaient "aimer" Rocard, mais ne s'étaient manifestement pas donné la peine de comprendre le fond de sa pensée... La vision qui prévalait alors chez les "socialos" "basique"s était qu'un "social démocrate" était un "social traître", héritage typiquement soixante huitard.

La "méthode Rocard" que j'avais vue mise en oeuvre notamment au travers de ce fameux Plan de Renouveau du Service Public était faite d'humanisme, de transparence et de participation. Pour remporter l'adhésion, il fallait "convaincre", d'où le nom de son club de "supporters". A l'opposé la technique "mitterrandienne" était beaucoup plus "florentine" et beaucoup moins participative.

Ce qui me plaisait aussi chez Rocard était également sa compétence technique . Comme inspecteur des finances, il était l'un des rares "socialistes" à comprendre quelque chose à l'économie et à l'entreprise. Je retrouvais également dans les livres de Rocard - horrible blasphème ! - les idées développées dans la littérature managériale américaine des années 80 ("empowerment", "motivation", etc...), ce qui le mettait évidemment en porte-à-faux avec tous les archéo-soixante-huitards du PS

J'ai donc milité avec enthousiasme pour cette "méthode", notamment au sein de mon environnement professionnel, et pour cette aproche résolument tournée vers l'extérieur...

Rendre hommage aux systèmes allemand et suédois et essayer de voir les leçons que l'on peut en tirer, voilà la principale leçon que j'ai tirée de mon expérience rocardienne...

Et puis Rocard a été ignominieusement maltraité par la "Première Gauche", la dure, la vraie, et a été honteusement écarté du pouvoir. Je pense que la France a perdu alors une splendide occasion de Renouveau. J'ai complètement zappé la politique, continuant mon militantisme, notamment européen. En décembre 2005, j'étais complètement "out", je commençais à me faire à l'idée glauque qu'on allait se farcir Sarko en 2007 pour 5 ans...

Et puis, à partir de janvier 2006, que vois-je ? Une pasionaria farfelue que je ne connaissais guère qui se met à donner des coups de pied dans la fourmilière !

D'abord, au lieu d'aller faire la bigote sur la tombe de Tonton, elle part soutenir en talons aiguilles Michelle Bachelet... Génial ! J'avais moi-même toujours regretté l'absence de la France en Amérique du Sud...

Ensuite elle va donner une interview au Financial Times (2 février 2006) et dit que tout n'est pas à rejeter chez Tony Blair... Quel magnifique culot ! Ca me donne envie d'approfondir...

Je vois qu'elle fait fréquemment référence aux pays d'Europe du Nord pour essayer de trouver des solutions notamment au problème de l'emploi des jeunes... En pleine crise du CPE, c'est plutôt opportun !

Sur le Net, elle lance son site Désirs d'avenir... Je vais pouvoir donner mon avis ! La démocratie participative, ça c'est la méthode Rocard, héritière de l'autogestion du PSU !...

Elle veut développer le syndicalisme de masse, elle veut rendre leur dignité aux travailleurs... là encore, c'est du Rocard!...

Voilà, cher camarade, je vais arrêter là pour ne pas me faire accuser de mettre des "tartines", les deux points essentiels du rocardisme que Ségolène Royal fait revivre :

1. prise en compte des modèles sociaux démocrates d'Europe du Nord ;

2. la démocratie participative (point d'ailleurs intimement lié au précédent).


Voilà pourquoi, mon cher camarade, en ma qualité de rocardien et de social démocrate, je vote pour Ségolène Royal.

Amitiés sociales démocrates

François Alex
Ancien membre du Club Convaincre
Fondateur et animateur du Réseau Gonordisk
http://www.gonordisk.net

MessagePosté le: 30 Oct 2006 16:56    

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