Avec une adhésion à 20 euros, on recrute en masse. Ces primo-adhérents rouleraient-ils pour Ségolène Royal? «Presque tous», constate, résigné, un fabiusien.

Publié le par François Alex

 



L'Express du 13/04/2006
PS
Boutons de rose

par Marion Souzeau

Avec une adhésion à 20 euros, on recrute en masse. De quoi influencer le choix du présidentiable...

Ils ont sauté le pas. Après «vingt-cinq ans de réflexion», Hervé, 44 ans, a finalement choisi de prendre sa carte au Parti socialiste lors de la journée portes ouvertes du siège, Rue de Solferino, à Paris, le 2 avril dernier. Comme d'autres nouveaux adhérents qui ont répondu à la campagne en ligne, cet agent de la RATP se confie: «Je ne peux plus supporter cette politique de droite, qui précarise les plus faibles. Il fallait que je bouge!» Pour Quentin, 19 ans, étudiant à la Sorbonne qui s'est investi dans les grèves, «c'est maintenant ou jamais qu'il faut s'engager». Un «irrépressible désir de changer les choses» a aussi conduit Christel, 30 ans, au chômage depuis quelques mois, à visiter le site Internet du parti. Quelques clics et une cotisation promotionnelle de 20 euros auront suffi à enregistrer son adhésion.

Depuis son lancement, le 9 mars, la procédure simplifiée, critiquée par ceux qui paient le tarif plein, a attiré quelque 20 000 nouveaux militants, dont plus de 3 000 à Paris, troisième fédération, après celles du Pas-de-Calais et du Nord. Pour un parti qui compte 132 000 adhérents selon sa direction, le renfort est d'importance. «C'est un rush inespéré, reconnaît Jack Lang. Plus de jeunes, plus de femmes, plus de personnes originaires des autres cultures.» Les premières impressions du secrétaire national au développement du PS valident opportunément les objectifs de la campagne d'adhésion, mais la composition précise de ce «sang neuf» ne sera connue qu'après l'enquête sociologique prévue.

Les primo-adhérents pour Ségolène?
Le premier impact des nouvelles adhésions se fera sentir lors du choix du candidat à la présidentielle, autorisé pour tous ceux qui prennent leur carte avant la fin du mois de mai. «C'est ma motivation principale, avoue Marie-Louise, 66 ans, retraitée de Seine-et-Marne. Je suis partisane des femmes au pouvoir, parce qu'elles envisagent la politique différemment.» Ces primo-adhérents rouleraient-ils pour Ségolène Royal? «Presque tous», constate, résigné, un fabiusien. «Pas seulement, nuance Julien Bézille, chef de projet pour cette campagne. D'autres personnalités se distinguent.» Valérie, 26 ans, assistante parlementaire, et Vincent, 30 ans, journaliste, optent pour Dominique Strauss-Kahn. Valère, 37 ans, directeur comptable, attend de «découvrir les propositions de chacun». «Pour l'instant, je n'entends pas d'idées très nouvelles», confie-t-il, un brin désabusé.

Débordés, les services de la Rue de Solferino ont pris du retard dans le rattachement des nouveaux adhérents à leur section, repoussant de fait leur participation aux réunions et l'envoi de leur carte définitive. Marie-Louise attend impatiemment de recevoir la sienne. «Comme une gamine.»


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