Présidente d'Areva et ancienne sherpa de François Mitterrand, Anne Lauvergeon pourrait, elle aussi, faire son entrée. Tout comme Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse (Le Monde, 08/05/2007)
Le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy devra à la fois porter sa marque et, comme il l'a promis, aller "très loin dans le renouvellement et dans l'ouverture". Durant la campagne, il a pu juger du travail des uns et des autres, repérer leurs faiblesses et leurs qualités.
Chez les hommes, la concurrence est plus rude : "Il faut un ou deux sortants, un ou deux piliers de la Sarkozie, un ou deux ralliés de l'UDF", explique-t-on dans l'entourage du gagnant du 6 mai. Au titre des sortants, on pourrait retrouver Jean-Louis Borloo et Xavier Bertrand; Brice Hortefeux – ami malmené et retrouvé – et Patrick Devedjian pourraient incarner les "piliers de la Sarkozie". On évoque également le retour de Xavier Darcos, ministre délégué du gouvernement Raffarin. Les UDF, Gilles de Robien, rallié avant le premier tour, et Pierre Albertini, maire de Rouen, rallié de l'entre-deux-tours, pourraient illustrer l'ouverture au centre. Eric Besson, ancien responsable des questions économiques au PS, pourrait compléter le casting. Tout comme Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse, ou Claude Allègre, l'ancien ministre socialiste de l'éducation, aperçu au QG du candidat Sarkozy. Le nouveau président, qui pense que "la politique est un métier", pourrait néanmoins faire appel à des membres de la société civile en la personne du directeur de l'Institut de sciences politiques de Paris, Richard Descoings, qui mène une expérience de discrimination positive dans son établissement, ou de l'ancienne secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat, déjà pressentie sous le gouvernement Raffarin. Reste le cas d'Alain Juppé : M. Sarkozy lui a demandé d'entrer au gouvernement en évoquant les affaires étrangères ou un ministère du développement durable.
Le "vivier" du président. Les secrétaires d'Etat ne seront nommés qu'après les législatives de juin. Il y aura parmi eux des piliers de la campagne et des ralliés. Nathalie Kosciusko-Morizet, spécialiste des questions d'environnement, a été beaucoup vue avec le candidat en fin de campagne; Rama Yade, secrétaire national de l'UMP, chargée de la francophonie, a fait des prestations remarquées dans des meetings; Valérie Pecresse, Luc Chatel, les porte-parole de l'UMP, piaffent d'impatience. Yves Jégo, élu d'une banlieue difficile en Seine-et-Marne et favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales, pourrait voir récompenser sa fidélité. De même qu'Alain Marleix, responsable des élections à l'UMP, qui pourrait s'occuper des relations avec le Parlement. D'autres élus centristes, qui ont refusé pendant cinq ans un maroquin pour obéir à François Bayrou, pourraient aussi entrer au gouvernement, tels Jean-Louis Bourlanges, André Santini, Maurice Leroy ou François Sauvadet, ces deux derniers ayant été reçus vendredi par M. Sarkozy. Tous constitueront un "vivier" dans lequel M. Sarkozy pourrait piocher pour remplacer un ministre défaillant.
Les marges de manœuvre. En cas de trop-plein, M. Sarkozy dispose d'autres postes à offrir. En entrant à l'Elysée, il laisse vacant celui de président du conseil général des Hauts-de-Seine, qui devrait revenir à un fidèle de la première heure comme Patrick Devedjian. Autre marge de manœuvre : la présidence de l'Assemblée nationale, qui attise les appétits de Mme Alliot-Marie et de M. Juppé. La présidence du groupe UMP sera également une responsabilité convoitée. Enfin, reste un dernier cadeau à offrir : la candidature à la Mairie de Paris, même si, pour l'heure, elle est promise à Françoise de Panafieu.
Philippe Ridet
LE MONDE | 07.05.07 | 08h49 • Mis à jour le 07.05.07 | 08h49