Présidente d'Areva et ancienne sherpa de François Mitterrand, Anne Lauvergeon pourrait, elle aussi, faire son entrée. Tout comme Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse (Le Monde, 08/05/2007)

Publié le par François Alex

Le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy devra à la fois porter sa marque et, comme il l'a promis, aller "très loin dans le renouvellement et dans l'ouverture". Durant la campagne, il a pu juger du travail des uns et des autres, repérer leurs faiblesses et leurs qualités.

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Matignon : le choix de Fillon. Le sénateur de la Sarthe est le grandissime favori. Selon plusieurs sources, M. Sarkozy le lui aurait annoncé. Rallié à Nicolas Sarkozy en 2004 après avoir été "viré" du gouvernement Raffarin, il a su construire une relation confiante et apaisée avec le nouveau président de la République. Maître d'œuvre du programme législatif de l'UMP durant l'été 2006, il a démontré des qualités de manager en faisant travailler ensemble des députés de différentes sensibilités. Il apporte à M.Sarkozy un profil de réformateur, une sensibilité sociale et une réputation pas trop abîmée auprès des syndicats.  Le choix de Jean-Louis Borloo semble avoir été écarté au soir du premier tour. Le score de M. Sarkozy a créé une dynamique telle qu'il n'a pas eu à faire des appels du pied trop insistants à l'électorat centriste. Le ralliement tardif du ministre de l'emploi, en mars, n'a pas suffi à établir une relation de confiance avec M. Sarkozy, pour qui M. Borloo reste un mystère.
 
Les anciens, les nouveaux et les ralliés. Quinze ministres pleins, et pas un de plus, a annoncé M. Sarkozy. Une contrainte à laquelle s'ajoute celle de la parité. Parmi les sept ou huit femmes qui composeront le futur gouvernement, les plus souvent citées sont Michèle Alliot-Marie; Christine Lagarde, l'actuelle ministre du commerce extérieur, très appréciée de M. Sarkozy; Christine Boutin, qui rassure l'électorat traditionnel de la droite après ses positions sur le pacs tout en affichant une certaine sensibilité humaniste; Rachida Dati, porte-parole du candidat, propulsée dans les médias; et Christine Albanel, ancienne plume de Jacques Chirac et directrice de l'Etablissement public du château de Versailles. Présidente d'Areva et ancienne sherpa de François Mitterrand, Anne Lauvergeon pourrait, elle aussi, faire son entrée.

Chez les hommes, la concurrence est plus rude : "Il faut un ou deux sortants, un ou deux piliers de la Sarkozie, un ou deux ralliés de l'UDF", explique-t-on dans l'entourage du gagnant du 6 mai. Au titre des sortants, on pourrait retrouver Jean-Louis Borloo et Xavier Bertrand; Brice Hortefeux – ami malmené et retrouvé – et Patrick Devedjian pourraient incarner les "piliers de la Sarkozie". On évoque également le retour de Xavier Darcos, ministre délégué du gouvernement Raffarin. Les UDF, Gilles de Robien, rallié avant le premier tour, et Pierre Albertini, maire de Rouen, rallié de l'entre-deux-tours, pourraient illustrer l'ouverture au centre. Eric Besson, ancien responsable des questions économiques au PS, pourrait compléter le casting. Tout comme Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse, ou Claude Allègre, l'ancien ministre socialiste de l'éducation, aperçu au QG du candidat Sarkozy. Le nouveau président, qui pense que "la politique est un métier", pourrait néanmoins faire appel à des membres de la société civile en la personne du directeur de l'Institut de sciences politiques de Paris, Richard Descoings, qui mène une expérience de discrimination positive dans son établissement, ou de l'ancienne secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat, déjà pressentie sous le gouvernement Raffarin. Reste le cas d'Alain Juppé : M. Sarkozy lui a demandé d'entrer au gouvernement en évoquant les affaires étrangères ou un ministère du développement durable.

Le "vivier" du président. Les secrétaires d'Etat ne seront nommés qu'après les législatives de juin. Il y aura parmi eux des piliers de la campagne et des ralliés. Nathalie Kosciusko-Morizet, spécialiste des questions d'environnement, a été beaucoup vue avec le candidat en fin de campagne; Rama Yade, secrétaire national de l'UMP, chargée de la francophonie, a fait des prestations remarquées dans des meetings; Valérie Pecresse, Luc Chatel, les porte-parole de l'UMP, piaffent d'impatience. Yves Jégo, élu d'une banlieue difficile en Seine-et-Marne et favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales, pourrait voir récompenser sa fidélité. De même qu'Alain Marleix, responsable des élections à l'UMP, qui pourrait s'occuper des relations avec le Parlement. D'autres élus centristes, qui ont refusé pendant cinq ans un maroquin pour obéir à François Bayrou, pourraient aussi entrer au gouvernement, tels Jean-Louis Bourlanges, André Santini, Maurice Leroy ou François Sauvadet, ces deux derniers ayant été reçus vendredi par M. Sarkozy. Tous constitueront un "vivier" dans lequel M. Sarkozy pourrait piocher pour remplacer un ministre défaillant.

Les marges de manœuvre. En cas de trop-plein, M. Sarkozy dispose d'autres postes à offrir. En entrant à l'Elysée, il laisse vacant celui de président du conseil général des Hauts-de-Seine, qui devrait revenir à un fidèle de la première heure comme Patrick Devedjian. Autre marge de manœuvre : la présidence de l'Assemblée nationale, qui attise les appétits de Mme Alliot-Marie et de M. Juppé. La présidence du groupe UMP sera également une responsabilité convoitée. Enfin, reste un dernier cadeau à offrir : la candidature à la Mairie de Paris, même si, pour l'heure, elle est promise à Françoise de Panafieu.

Philippe Ridet

M. Fillon futur chef d'un gouvernement où les places seront chères

LE MONDE | 07.05.07 | 08h49  •  Mis à jour le 07.05.07 | 08h49

Publié dans BIG BANG

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D
Les ralliements de "personnalités" dites de gauche dans le contexte actuel est particulirement détestable. Chacun peut conduire sa vie comme il ou elle le souhaite mais l'abandon des valeurs et des repères n'a jamais été un signe de santé politique.  Qu'ils se rallient mais sans nous impliquer dans leur choix personnel.<br />  Et épargnez nous, les souhaits sincères ou hypocrites de succès pour le vainqueur de cette élection. Vous savez pertinemment que nous avons affaire à la droite extrême, aux méthodes de Bush et Karl Rove et pas aux conservateurs fréquentables des pays nordiques.<br /> Le respect de la démocratie c'est de laisser la majorité d'appliquer son programme, ce n'est pas de se soumettre et se rendre complice des mauvaises actions programmées, et il y en a.
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