Les professeurs André Sapir et Philippe Aghion demandent également un accroissement des investissements dans la recherche et l'enseignement tertiaire, ainsi que la création... (Cordis news, 30/08/2004
Des spécialistes demandent des changements rapides dans les politiques européennes liées à l'économie, à la R&D et à l'éducation
[Date: 2004-08-30]
"L'Europe a besoin d'une réforme complète et imminente de son modèle économique si elle souhaite poursuivre le processus d'intégration", tel était le message adressé au cours de la conférence ESOF 2004 par les deux auteurs du célèbre rapport Sapir, intitulé "Agenda pour une Europe en expansion: pour un système économique plus performant dans l'UE".
Dans ce rapport, commandé par le président sortant de la Commission européenne, Romano Prodi, et publié l'année dernière, les professeurs André Sapir et Philippe Agion demandent également un accroissement des investissements dans la recherche et l'enseignement tertiaire, ainsi que la création d'une Agence européenne pour la science et la recherche.
"La croissance doit être la priorité absolue de l'UE", a déclaré André Sapir au cours de la conférence, rappelant au public que l'écart qui sépare l'UE des États-Unis en termes de croissance se creuse.
"La convergence entre l'Europe et les États-Unis est révolue depuis 30 ans", a déclaré le professeur Sapir. Aujourd'hui, le taux de croissance de l'UE est de deux pour cent comparé aux 3,4 pour cent affichés par les États-Unis. Ce taux de croissance, lent et en recul, est symptomatique de notre incapacité à nous adapter à la mondialisation et aux changements technologiques".
Le professeur Sapir a expliqué que les tentatives vaines de l'UE visant à se transformer en une économie basée sur l'innovation sont dues à son incapacité à promouvoir une série d'éléments essentiels: l'entrée de nouveaux acteurs sur la scène économique; la mobilité de la main-d'ouvre au sein et entre les sociétés; le recyclage des travailleurs; le financement externe des investissements et les investissements dans la recherche et le développement (R&D) et l'enseignement supérieur.
Le professeur Sapir a averti que le processus européen d'intégration est menacé si les gouvernements européens ne parviennent pas à comprendre que la croissance est la condition sine qua non de la viabilité du modèle social européen et du succès de l'élargissement actuel et de ceux à venir.
L'agenda de Lisbonne, a-t-il ajouté, était une bonne idée pour tenter de corriger les lacunes de l'Europe. Malgré les objectifs ambitieux, l'Europe manque cependant de moyens suffisamment ambitieux.
"Il comptait trop d'objectifs, associés à des méthodes et des instruments faibles", a déclaré le professeur Sapir. "L'Europe doit se concentrer sur un seul et unique objectif, la croissance."
Le professeur Sapir a tenu à rappeler que l'UE doit s'atteler aux deux principales caractéristiques qui la distinguent des États-Unis: la différence d'efficacité des marchés des produits et des facteurs, en particulier le marché de l'emploi et le marché des capitaux, et la différence d'investissements dans la R&D et les systèmes d'enseignement supérieur.
"Nous devons achever le marché unique, en particulier s'agissant des services financiers, et nous devons en faire un marché unique dynamique.
"Nous devons revoir à la hausse les dépenses consacrées à notre avenir et en faire un meilleur usage", a-t-il ajouté.
Le professeur Sapir a également invité à procéder à une réorganisation drastique du budget communautaire en réduisant le budget actuellement alloué à l'agriculture et en sextuplant celui consacré à la croissance économique.
"L'Europe pourrait créer trois fonds avec l'argent supplémentaire déduit du budget de l'agriculture: le fonds de croissance pour l'UE en général, le fonds de convergence pour les pays à faibles revenus, et le fonds de restructuration pour les pays touchés.
"Le budget communautaire actuel est une relique du passé. Il ne va pas suffisamment de l'avant. Si Lisbonne est la priorité, il faut alors être rationnel et y consacrer le budget et les instruments nécessaires à sa réalisation.
"Lisbonne est un processus tourné vers l'avenir. Nous devons nous aussi être tournés vers l'avenir", a déclaré le professeur.
Philippe Agion, professeur à l'université de Harvard, a souligné la nécessité pour l'Europe de concentrer ses dépenses sur l'enseignement tertiaire, tel qu'opposé à l'enseignement primaire et secondaire, comme ça a été le cas jusqu'à présent.
"Plus on investit dans l'enseignement tertiaire, plus on est sur la voie de l'innovation et de la croissance", a-t-il précisé, indiquant que le pourcentage de citoyens américains diplômés de l'enseignement supérieur est 1,5 fois supérieur à la moyenne européenne actuelle.
"Nous avons imité [les États-Unis], nous devons à présent innover", a déclaré le professeur Agion.
Le professeur Agion a également réitéré son appel pour la création d'une Agence européenne pour la science et la recherche, basée sur le modèle de la Fondation nationale pour les sciences (NSF) aux États-Unis et reposant sur quatre principes de base.
"Pour qu'elle porte ses fruits, cette agence doit prendre la forme d'un système ascendant doté d'un critère de sélection unique: l'excellence pour éviter la corruption du système. Par ailleurs, elle devrait également reposer sur une évaluation par les pairs, et la sélection des évaluateurs, qui doit se baser sur la renommée scientifique, devrait être transparente et publique", a déclaré le professeur Agion.
Enfin, a conclu le professeur, l'Europe devrait suivre l'exemple de la NSF et consacrer une part égale des investissements à la recherche appliquée et à la recherche fondamentale.
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Catégorie: Divers
Source des informations: CORDIS News attendance at the ESOF 2004 conference
Référence du Document: D'après un compte rendu de CORDIS Nouvelles à la conférence ESOF 2004
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