A quatre mois de son congrès, le PS tente pourtant de faire de ce nouveau "nonisme", l'anti-sarkozysme, le ciment d'une unité qui vole de toutes parts en éclats (Noblecourt, Le Monde, 26/07/08)

Publié le par Michel Noblecourt

"Noniste" : jusqu'au 21 juillet, ce label était décerné aux politiques, de gauche ou de droite, qui avaient voté non, en 2005, au référendum sur le projet de Constitution européenne. Les uns avaient fait ce choix au nom d'un souverainisme ombrageux et antieuropéen, d'autres par opposition au texte proposé, d'autres enfin pour ne pas dire oui à celui qui posait la question, en l'occurrence Jacques Chirac. De nouveaux "nonistes" sont apparus, le 21 juillet, au Congrès de Versailles sur la révision de la Constitution, française cette fois.

 Les 357 "nonistes" du 21 juillet viennent principalement de la gauche, à l'exception de sept UMP. Sur leurs motivations, on peut utiliser la même grille de lecture qu'en 2005. Les uns sont réfractaires à l'idée même de toucher au texte sacré de la Constitution de 1958. D'autres ont exprimé un désaccord sur le contenu de la réforme, trop timorée ou dépourvue de l'audace démocratique espérée. D'autres enfin ont voté contre pour dire non au "monocrate" Nicolas Sarkozy.

Les nouveaux "nonistes" ont perdu. Comme pour le vote sur la mort de Louis XVI, en 1793, ou celui sur l'amendement Wallon qui institua la IIIe République, en 1875, la révision a obtenu une voix de plus que la majorité requise. Et les "nonistes" se sont retournés contre les "non-nonistes", et d'abord Jack Lang, seul socialiste à avoir voté oui. Déjà vilipendé pour sa participation au comité Balladur, l'ancien ministre de François Mitterrand a été mis à l'index par ses camarades, qui n'ont pas fait dans la dentelle pour dénoncer sa "trahison". Désavoué par les parlementaires PS du Pas-de-Calais, loué par M. Sarkozy, réconforté par l'UMP, M. Lang, signataire de la contribution de Martine Aubry pour le congrès de Reims du PS, a du souci à se faire pour la suite de ses aventures au sein de la "famille" socialiste.

Droit dans ses bottes, M. Lang n'en a cure, ayant choisi, ce qui est respectable, de faire passer ses convictions avant la discipline de parti. Mais sa position aurait été plus confortable s'il n'avait pas, en 2005, dénoncé ses camarades qui, Laurent Fabius en tête, avaient fait campagne pour le non alors que le PS défendait le oui. "Personne ne leur demandait de renier leurs convictions ni de voter contre elles, écrivait-il dans son livre Changer (Plon, 2005), mais ils avaient le devoir de se plier à la règle de la majorité." "Le collectif, dans un parti, est tout", proclamait-il.

D'autres "nonistes" frais émoulus ont regretté aussitôt leur vote. Après avoir voté non, "par discipline", Christophe Caresche, Jean-Marie Le Guen, Gaëtan Gorce et Manuel Valls ont dénoncé, dans Le Monde du 23 juillet, l'incapacité du PS à "s'abstraire d'une forme d'antisarkozysme pavlovien qui le conduit à s'opposer systématiquement à tout projet" émanant du chef de l'Etat. Comme beaucoup d'autres, ces élus socialistes ont oublié que, le 7 février, 121 députés socialistes ont voté la ratification du traité de Lisbonne, proposée par M. Sarkozy. Au Congrès de révision constitutionnelle, le 4 février, moins de la moitié des parlementaires avaient suivi la consigne d'abstention de la direction sans que les réfractaires - "ouiistes" et surtout "nonistes" - soient sanctionnés.

A quatre mois de son congrès, le PS tente pourtant de faire de ce nouveau "nonisme", l'anti-sarkozysme, le ciment d'une unité qui vole de toutes parts en éclats. Ségolène Royal a donné le la de cette opposition frontale chère à M. Fabius, voyant dans le sarkozysme, le 20 juillet dans Le Parisien, "le régime du mépris généralisé, qui produit une déchirure institutionnelle, sociale et humaine". Bertrand Delanoë n'est pas en reste, fustigeant, le 23 juillet, la "casse sociale" de M. Sarkozy. Sauf que ce n'est pas avec ce nouveau "nonisme" que le PS mènera à bien sa rénovation.


Courriel : noblecourt@lemonde.fr.

Michel Noblecourt

Article paru dans l'édition du 26.07.08.

 

Les nouveaux "nonistes" du Congrès de Versailles, par Michel Noblecourt

LE MONDE | 25.07.08 | 13h34  •  Mis à jour le 25.07.08 | 13h34

Publié dans INSTITUTIONS

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Y
A lire ce qu'écrivent les élus de l'UMP sur Delanoë, on peut se dire qu'on a rien à craindre de leur part !http://delanoe-illusionniste.hautetfort.com/Je crois qu'il nous faut utiliser ce site contre eux, il y a beaucoup à redire !
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